BOOK X
The Book of the Double Twilight
LIVRE X
Le Livre du Double Crépuscule
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Make rather thy thought a plain and faithful glass Reflecting Matter and mortality, And know thy soul a product of the flesh, A made-up self in the constructed world. Thy words are large murmurs in a mystic dream. For how in the soiled heart of man could dwell The inarticulate grandeur of thy dream-built God, Or who can see a face and form divine In the naked two-legged worm thou callest man ? O human face, put off mind-painted masks: The animal be, the worm that Nature meant; Accept thy futile birth, thy narrow life. For truth is bare like stone and hard like death;
Bare in the bareness, hard with truth's hardness live."
But Savitri replied to the dire God:
"Yes, I am human. Yet shall man by me,
Since in humanity waits his hour the God,
Trample thee down to reach the immortal heights,
Transcending grief and pain and fate and death.
Yes, my humanity is a mask of God:
He dwells in me, the mover of my acts,
Turning the great wheel of his cosmic work.
I am the living body of his light,
I am the thinking instrument of his power,
I incarnate Wisdom in an earthly breast,
I am his conquering and unslayable Will.
The formless Spirit drew in me its shape;
In me are the Nameless and the secret Name."
Death from the incredulous Darkness sent its cry:
"O priestess in Imagination's house,
Persuade first Nature's fixed immutable laws
And make the impossible thy daily work.
How canst thou force to wed two eternal foes ?
Irreconcilable in their embrace
They cancel the glory of their pure extremes :
An unhappy wedlock maims their stunted force.
How shall thy will make one the true and false ?
Where Matter is all, there Spirit is a dream:
If all are the Spirit, Matter is a lie,
And who was the liar who forged the universe ? |
Fais plutôt de ta pensée un miroir simple et fidèle Reflétant la Matière et la mortalité, Et connais ton âme comme un produit de la chair, Un moi fabriqué dans un monde construit. Tes mots sont de vastes murmures dans un rêve mystique. Car comment dans le cœur sali de l'homme, pourrait demeurer La grandeur inarticulée de ton Dieu issu d'un rêve, Ou, qui peut voir une face et une forme divines Dans le ver nu à deux jambes que tu appelles l'homme ? Ô face humaine, enlève ces masques peints par le mental : Sois l'animal, le ver destiné par la Nature ; Accepte ta naissance futile, ta vie étroite. Car la vérité est nue comme la pierre et dure comme la mort ;
Nue dans la nudité, dure de la dureté de la vérité, vis."
Mais Savitri répondit au Dieu cruel :
"Oui, je suis humaine. Pourtant par moi l'homme,
Puisque dans l'humanité le Dieu attend son heure,
Te piétinera pour atteindre les sommets immortels,
Transcendant la douleur, la souffrance, le destin et la mort.
Oui, mon humanité est un masque sur Dieu :
II demeure en moi, l'auteur de mes actions,
Tournant la grande roue de son œuvre cosmique.
Je suis le corps vivant de sa lumière,
Je suis l'instrument pensant de son pouvoir,
J'incarne la Sagesse dans une poitrine humaine,
Je suis sa Volonté conquérante et indestructible.
L'Esprit sans forme dessina en moi sa figure ;
En moi sont le Sans-Nom et le Nom secret."
La Mort, de l'Obscurité incrédule, jeta son cri : "Ô prêtresse dans la maison de l'Imagination, Persuade d'abord les lois fixes et immuables de la Nature, Et fais de l'impossible ton travail quotidien. Comment peux-tu forcer à se marier deux ennemis éternels ? Irréconciliables dans leur étreinte Ils annulent la gloire de leurs extrêmes purs :
Un hymen malheureux mutile leur force racornie.
Comment ta volonté peut-elle unir le vrai et le faux ?
Là où la Matière est tout, là l'Esprit est un rêve :
Si tout est l'Esprit, la Matière est un mensonge,
Et qui fut le menteur qui forgea l'univers ? |
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The Real with the unreal cannot mate.
He who would turn to God, must leave the world; He who would live in the Spirit, must give up life;
He who has met the Self, renounces self.
The voyagers of the million routes of mind
Who have travelled through Existence to its end,
Sages exploring the world-ocean's vasts,
Have found extinction the sole harbour safe.
Two only are the doors of man's escape,
Death of his body Matter's gate to peace,
Death of his soul his last felicity.
In me all take refuge, for I, Death am God."
But Savitri replied to mighty Death:
"My heart is wiser than the Reason's thoughts,
My heart is stronger than thy bonds, O Death.
It sees and feels the one Heart beat in all,
It feels the high Transcendent's sunlike hands,
It sees the cosmic Spirit at its work; In the dim Night it lies alone with God. My heart's strength can carry the grief of the universe And never falter from its luminous track, Its white tremendous orbit through God's peace. It can drink up the sea of All-Delight And never lose the white spiritual touch, The calm that broods in the deep Infinite." He said, "Art thou indeed so strong, O heart, O soul, so free ? And canst thou gather then Bright pleasure from my wayside flowering boughs, Yet falter not from thy hard journey's goal, Meet the world's dangerous touch and never fall?. Show me thy strength and freedom from my laws." But Savitri answered, "Surely I shall find Among the green and whispering woods of Life Close-bosomed pleasures, only mine since his, Or mine for him, because our joys are one. And if I linger, Time is ours and God's, And if I fall, is not his hand near mine ? |
Le Réel et l'irréel ne peuvent s'apparier.
Celui qui veut se tourner vers Dieu, doit laisser le monde ;
Celui qui veut vivre dans l'Esprit, doit abandonner la vie ; Celui qui a trouvé le Soi, renonce au moi. Les voyageurs des millions de routes du mental Qui ont traversé l'Existence jusqu'au bout, Les sages explorant les immensités des océans du monde, Ont trouvé que l'extinction est le seul port sûr. Il n'y a que deux portes à l'évasion de l'homme, La mort de son corps, la porte de la Matière vers la paix, La mort de son âme, sa félicité dernière. En moi tous se réfugient, car moi, la Mort, je suis Dieu." Mais Savitri répondit au puissant dieu de la Mort : "Mon cœur est plus sage que les pensées de la Raison ...................................................................................* II voit et sent le Cœur unique battre en tous, II sent les mains ensoleillées du haut Transcendant. Il voit l'Esprit cosmique à l'œuvre ; Dans la nuit blafarde, il repose seul avec Dieu. Mon cœur est assez fort pour porter la peine de l'univers Et jamais ne s'écarte de sa voie lumineuse, Sa formidable orbite blanche à travers la paix de Dieu. Il peut boire entière la mer de Toute-Félicité Sans jamais perdre le blanc contact de l'esprit, Le calme qui couve dans l'Infini profond." Il dit : "Es-tu vraiment si fort, ô cœur, Ô âme, si libre ? Ne peux-tu donc point cueillir Un brillant plaisir à mes rameaux en fleur, le long du chemin, Sans faillir au but de ton dur voyage, Affronter le contact dangereux du monde sans jamais tomber ? Montre-moi que tu es forte et libre de mes lois." Mais Savitri répondit : "Sûrement je trouverai Dans les bois de la vie verts et murmurants, Des plaisirs proches du cœur, miens seulement parce qu'à lui Ou miens pour lui, car notre joie est une. Et si je m'attarde, le temps est à nous et à Dieu, Et si je tombe, sa main n'est-elle pas près de la mienne ?
* Un vers manque dans la traduction dont le sens est le suivant : Mon cœur est plus fort que tes chaînes, ô Mort. |
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All is a single plan; each wayside act Deepens the soul's response, brings nearer the goal." Death the contemptuous Nihil answered her: "So prove thy absolute force to the wise gods, By choosing earthly joy ! For self demand And yet from self and its gross masks live free. Then will I give thee all thy soul desires, All the brief joys earth keeps for mortal hearts. Only the one dearest wish that outweighs all, Hard laws forbid and thy ironic Fate. My will once wrought remains unchanged through Time, And Satyavan can never again be thine." But Savitri replied to the vague Power: "If the eyes of Darkness can look straight at Truth, Look at my heart and, knowing what I am, Give what thou wilt or what thou must, O Death. Nothing I claim but Satyavan alone." There was a hush as if of doubtful fates. As one disdainful still who yields a point, Death bowed his sovereign head in cold assent: "I give to thee, saved from death and poignant fate Whatever once the living Satyavan Desired in his heart for Savitri. Bright noons I give thee and unwounded dawns, Daughters of thy own shape in heart and mind, Fair hero sons and sweetness undisturbed Of union with thy husband dear and true. And thou shalt harvest in thy joyful house Felicity of thy surrounded eves. Love shall bind by thee many gathered hearts. The opposite sweetness in thy days shall meet Of tender service to thy life's desired And loving empire over all thy loved, Two poles of bliss made one, O Savitri. Return, O child, to thy forsaken earth." But Savitri replied, "Thy gifts resist. Earth cannot flower if lonely I return." Then Death once more sent forth his angry cry, As chides a lion his escaping prey: "What knowest thou of earth's rich and changing life |
Tout est un plan unique : chaque acte fortuit
Approfondit la réponse de l'âme, amène plus près du but."
La Mort, Néant méprisant, lui répondit : "Prouve donc aux dieux sages ta force absolue, En choisissant les joies terrestres ! Demande pour toi Tout en vivant libre de toi et de ses masques grossiers. Alors je te donnerai tout ce que ton âme désire, Toutes ces brèves joies que la terre offre aux cœurs mortels. Mais le seul vœu le plus cher qui l'emporte sur tout, De dures lois l'interdisent et ton ironique Destin. Une fois décrétée, ma volonté reste immuable pour les temps, Et plus jamais Satyavan ne sera tien." Mais Savitri répondit à cette vague Puissance : "Si les yeux de l'Obscurité peuvent regarder tout droit la Vérité, Regarde mon cœur, et, sachant qui je suis, Donne ce que tu veux ou ce que tu dois, ô Mort. Je ne réclame rien que Satyavan." Il y eut le silence des destins incertains. Comme celui, encore dédaigneux, qui cède un point, La Mort inclina sa tête souveraine dans un consentement glacé : "Je te donne, délivré de la Mort et de la fatalité poignante, Tout ce qu'autrefois Satyavan vivant Désira dans son cœur pour Savitri. Je te donne les midis étincelants et les aurores sans blessures, Des filles à l'image de ton cœur et de ta pensée, Des fils héroïques et beaux, et la douceur sans trouble D'une union avec ton époux cher et fidèle, Et tu récolteras dans ta maison joyeuse La félicité des soirées familiales. Pour toi, l'amour liera beaucoup de cœurs rassemblés. Dans tes jours, se rencontreront les douceurs opposées Du tendre service à ta vie dont l'empire Est désiré et aimé par tous ceux aimés de toi, Deux pôles de béatitude en un seul, ô Savitri. Retourne, ô enfant, à ta terre abandonnée." Mais Savitri répondit: "Garde tes dons. La terre ne peut fleurir si j'y retourne seule." Alors la Mort, une fois de plus, poussa un cri furieux, Comme le lion gronde après la proie qui lui échappe : "Que sais-tu de la vie riche et changeante de la terre, |
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Who thinkest that, one man dead, all joy must cease ?
Hope not to be unhappy till the end: For grief dies soon in the tired human heart;
Soon other guests the empty chambers fill.
A transient painting on a holiday's floor
Traced for a moment's beauty love was made.
Or if a voyager on the eternal trail,
Its objects fluent change in its embrace
Like waves to a swimmer upon infinite seas."
But Savitri replied to the vague god,
"Give me back Satyavan, my only Lord.
Thy thoughts are vacant to my soul that feels
The deep eternal truth in transient things."
Death answered her, "Return and try thy soul!
Soon shalt thou find appeased that other men
On lavish earth have beauty, strength and truth,
And when thou hast half forgotten, one of these
Shall wind himself around thy heart that needs
Some human answering heart against thy breast;
For who, being mortal, can dwell glad alone ?
Then Satyavan shall glide into the past,
A gentle memory pushed away from thee
By new love and thy children's tender hands,
Till thou shalt wonder if thou lov'dst at all.
Such is the life earth's travail has conceived,
A constant stream that never is the same."
But Savitri replied to mighty Death :
"O dark ironic critic of God's work,
Thou mockst the mind and body's faltering search
For what the heart holds in a prophet hour
And the immortal spirit shall make its own.
Mine is a heart that worshipped, though forsaken,
The image of the god its love adored;
I have burned in flame to travel in his steps.
Are we not they who bore vast solitude
Seated upon the hills alone with God ?
Why dost thou vainly strive with me, O Death,
A mind delivered from all twilight thoughts,
To whom the secrets of the gods are plain ?
For now at last I know beyond all doubt |
Toi qui crois que toute joie doit cesser quand un homme meurt ?
N'espère pas être triste jusqu'à la fin : Car la douleur meurt vite dans le cœur humain fatigué ; Bientôt d'autres hôtes emplissent les chambres vides. Peinture éphémère sur un sol de fête Tracée pour un moment de beauté, l'amour fut créé. Ou, tel un voyageur sur la piste éternelle, Ce qu'il embrasse coule et change Comme pour le nageur, les vagues sur les mers infinies." Mais Savitri répondit au dieu sans consistance : "Rends-moi Satyavan, mon seul Seigneur. Tes pensées sont vides pour mon âme qui sent La profonde vérité éternelle des choses qui passent." La Mort lui répondit : "Retourne et fais l'épreuve de ton âme ! Bientôt, apaisée, tu trouveras que d'autres hommes Sur la terre généreuse, ont beauté, force et vérité, Et quand tu auras à demi oublié, l'un d'eux S'enroulera autour de ton cœur qui cherche La réponse humaine d'un cœur contre ta poitrine ; Car, chez les mortels, qui peut rester heureux en étant seul ? Alors Satyavan glissera dans le passé Aimable mémoire repoussée de toi Par un nouvel amour et les tendres mains de tes enfants, Puis tu t'étonneras d'avoir jamais aimé. Telle est la vie enfantée par le travail de la terre, Un flot constant qui n'est jamais le même." Mais Savitri répondit à la Mort redoutable : "Ô sombre critique ironique de l'œuvre de Dieu, Tu te moques de la quête maladroite du mental et du corps De cela que le cœur saisit dans une heure prophétique Et que l'esprit immortel fera sien. Mon cœur est de ceux qui, même abandonnés, rendent un culte A l'image du Dieu que leur amour adore; J'ai brûlé comme une flamme à suivre ses pas. Ne sommes-nous pas ceux qui ont porté la vaste solitude Assis sur les sommets seuls avec Dieu ? / Pourquoi te mesures-tu en vain avec moi, ô Mort, Un mental délivré de toute pensée crépusculaire, Pour qui les secrets des dieux sont clairs ? Car maintenant je sais enfin, par-delà tous les doutes, |
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The great stars burn with my unceasing fire
And life and death are both its fuel made.
Life only was my blind attempt to love: Earth saw my struggle, heaven my victory;
All shall be seized, transcended; there shall kiss
Casting their veils before the marriage fire
The eternal bridegroom and eternal bride.
The heavens accept our broken flights at last.
On our life's prow that breaks the waves of Time
No signal light of hope has gleamed in vain."
She spoke ; the boundless members of the god
As if by secret ecstasy assailed
Shuddered in silence as obscurely stir
Ocean's dim fields delivered to the moon.
Then lifted up as by a sudden wind
Around her in that vague and glimmering world
The twilight trembled like a bursting veil.
Thus with armed speech the great opponents strove.
Around those spirits in the glittering mist
A deepening half-light fled with pearly wings
As if to reach some far ideal Morn.
Outlined her thoughts flew through the gleaming haze
Mingling bright-pinioned with its lights and veils
And all her words like dazzling jewels, caught
Into the glow of a mysterious world
Or tricked in the rainbow shifting of its hues,
Like echoes swam fainting into far sound.
All utterance, all mood must there become
An unenduring tissue sewn by mind
To make a gossamer robe of beautiful change.
Intent upon her silent will she walked
On the dim grass of vague unreal plains,
A floating veil of visions in her front,
A trailing robe of dreams behind her feet.
But now her spirit's flame of conscient force
Retiring from a sweetness without fruit
Called back her thoughts from speech to sit within
In a deep room in meditation's house.
For only there could dwell the soul's firm truth: Imperishable, a tongue of sacrifice, |
Que les grandes étoiles brûlent de mon feu incessant Et que la vie et la mort sont toutes deux ses combustibles. La vie seule fut mon essai aveugle d'amour : La terre vit ma lutte, le ciel ma victoire ;
Tout sera saisi, transcendé ; alors s'embrasseront
Rejetant leurs voiles devant le feu des épousailles
L'éternel époux et l'éternelle épouse.
Les cieux acceptent enfin nos vols brisés.
Sur la proue de nos vies qui coupe les vagues du Temps
Le signal d'aucun feu d'espoir ne brille en vain."
Elle dit. Les membres innombrables du dieu
Assaillis par une extase secrète
Tressaillirent en silence comme se soulèvent obscurément
Les champs pâles de l'océan offerts à la lune.
Alors, soulevé comme par un vent soudain,
Autour d'elle dans ce monde vague et clignotant
Le crépuscule trembla tel un voile qui se déchire.
Ainsi, avec des paroles de défi, les grands adversaires s'affrontaient.
Autour de ces esprits, dans la brume scintillante,
Un demi-jour grandissant s'enfuit avec des ailes perlées,
Comme pour atteindre au loin un Matin idéal.
Silhouettées, ses pensées s'envolèrent dans la brume scintillante
Mélangeant leurs ailerons brillants aux lumières et aux voiles
Et toutes ses paroles, tels des joyaux étincelants, attrapées
Dans le rayonnement d'un monde mystérieux
Ou subtilisées dans les nuances d'arc-en-ciel changeant
Flottaient, échos s'évanouissant en sons lointains.
Là, tout ce qui se dit, tout ce qui se sent devient
Une trame éphémère tissée par le mental
Pour faire une robe arachnéenne de changeante beauté.
Absorbée dans sa volonté silencieuse elle marchait
Sur l'herbe incertaine de plaines vagues et irréelles,
Un voile de visions flottant devant elle,
Une robe de rêves traînant derrière ses pas.
Mais maintenant, la flamme, force consciente de son esprit
Se retirant d'une douceur sans fruit
Rappela ses pensées de toute parole pour s'asseoir au-dedans
Dans une chambre profonde de la maison de méditation.
Car là seulement réside la ferme vérité de l'âme : Impérissable langue de sacrifice, |
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It flamed unquenched upon the central heart
Where burns for the high house-lord and his mate
The homestead's sentinel and witness fire
From which the altars of the gods are lit.
All still compelled went gliding on unchanged,
Still was the order of these worlds reversed:
The mortal led, the god and spirit obeyed
And she behind was leader of their march
And they in front were followers of her will.
Onward they journeyed through the drifting ways
Vaguely companioned by the glimmering mists; But faster now all fled as if perturbed Escaping from the clearness of her soul. A heaven-bird upon jewelled wings of wind Borne like a coloured and embosomed fire, By spirits carried in a pearl-hued cave, On through the enchanted dimness moved her soul. Death walked in front of her and Satyavan, In the dark front of death, a failing star. Above was the unseen balance of his fate. |
Elle flambe inextinguible au foyer central Où brûle pour le haut seigneur du lieu et sa compagne Le feu sentinelle et témoin de la demeure D'où s'allument les autels des dieux. Tout restait contraint, continuant à glisser sans changement, Pourtant l'ordre de ces mondes était renversé : Le mortel conduisait, le dieu et l'esprit obéissaient Et elle, derrière, dirigeait leur marche Et eux, devant, suivaient sa volonté. Ils allaient de l'avant par les chemins en dérive Accompagnés vaguement par les brouillards scintillants ; Mais plus vite maintenant tout s'enfuit comme troublé Se sauvant devant la clarté de son âme. Oiseau céleste sur les ailes de pierreries du vent, Porté comme un feu de couleur, blotti, Emportée par des esprits dans une grotte aux teintes de perles, Son âme avançait à travers la pénombre enchantée. La mort marchait devant elle, et Satyavan, Dans l'obscurité devant la mort, étoile qui s'évanouit. Au-dessus se trouvait l'invisible balance de son destin. |
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